Dimanche 27 octobre - Une leçon
Amis cyclotouristes, amies cyclotouristes, on nous donne une leçon ce matin.
Vous avez mis le nez dehors, ou regardé par la fenêtre, et mesuré la gravité de la situation. Sur le trottoir, à la demie, la pluie jouait des claquettes.
Nos vélos sont restés au lit, comme si le passage à l’heure d’hiver, avec son heure de sommeil supplémentaire, n’avait pas suffi. Quant à nous, il est apparu qu’il y avait ce dimanche matin d’autres urgences : le pain à acheter, un gond de porte à revisser, un timbre à coller sur une enveloppe, la météo de mardi à consulter, un journal à replier, toutes tâches que la bonne foi oblige à considérer comme capitales, urgentes et chronophages.
Nous étions tous ce dimanche matin à la maison. Tous ? Non. Car dans le même temps deux cyclistes résistaient à nos réflexes de chatons apeurés par les gouttes d’eau. Aux Aubuis, un peu avant 9 h, Anne-Sophie et Marie, sa fille, nous attendaient, stoïques. Je le sais, parce que j’y étais, à 9 h, aux Aubuis. Un peu mouillé aussi, parce qu’une pluie légère tombait quand je suis sorti de la voiture…
Anne-Sophie et Marie ont pris bravement la route, Anne-Sophie désormais sur un beau vélo en carbone qu’on aura tout loisir de découvrir dans nos prochaines sorties.
Mon premier réflexe, c’est de dire bravo. Ça ne coûte rien, celui qui dit bravo se persuade qu’il est un peu acteur de ce qu’il applaudit. Mais ça cache la réalité, c’est-à-dire la leçon que nous ont administrée Anne-Sophie et Marie. Elle ne concerne pas celles et ceux d’entre nous qui débutent, qui n’ont encore qu’une activité réduite, ou que des raisons qui tiennent à la famille, à la santé, au travail, éloignent des sorties pendant quelques jours ou quelques semaines.
Non, la leçon, elle s’adresse aux cyclos d’un peu d’expérience, « blanchis sous le harnois », ceux qui comme moi roulent assez souvent et ont en tête un projet de randonnée ou de voyage, toujours bien rangé et prêt à ressortir à la première occasion. Des cyclos qui avaient prévu de rouler ce dimanche, des gens qui ont connu le froid, le gel ou la neige, l’averse, l’orage et la grêle.
Où étions-nous ce dimanche matin, vaguement perturbés par une petite pluie, disons-le, de rien du tout ?
La conclusion à tirer relève des goûts et des couleurs… Chacun verra midi (9 heures en l’occurrence) à sa porte.
Pour moi, avoir rencontré Anne-Sophie et Marie sur leur vélo, tandis que j’avais fait le choix d’aller chercher le pain en voiture, cela incite à la modestie. À la prochaine petite pluie de rien du tout, sans doute ferai-je mieux de mettre l’imper et d’être à l’heure au rendez-vous des Aubuis. Tant pis s’il y a, au retour, un vélo à nettoyer.
Ou, d’une certaine façon, tant mieux.
F.
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